PANZERKAMPFWAGEN VI TIGER

 

Le bureau de l’armement allemand, au printemps 1937 avait demandé une étude, d’un char lourd ( 30 tonnes ou plus )à quatre  firmes : Henschel, de Cassel, Porsche, Daimler-Benz et M.A.N. C’est  ainsi que commença, le mythe du célèbre char lourd allemand Tigre.

 Cela en vue du remplacement du char Panzerkampfwagen IV qui entrait en service à cette époque.

Les études furent accélérées, a la déclaration de guerre. La société Porsche venu en renfort a Henschel, proposa un prototype, le char type 100, à double propulsion ( essence / électricité ) et suspension à barres de torsion longitudinales supportant des galets de roulement indépendant.

Entre –temps, de nouvelles spécifications avaient été diffusées.

Hitler, impressionné par les rapports sur le blindage du char français B-1 bis et du MATILDA britannique. Il y eut alors conflit entre Hitler et le bureau de l’armement à propos du canon.

Hitler penchait pour une adaptation du canon Flak 36 de 88 mm qui était une arme antichars redoutable.

Le bureau de l’armement pour une arme d’un calibre inférieur, 60 à 75 mm, pour réduire le poids du char.

La décision fut prise de préparer deux projets :

Henschel devait se charger du projet du bureau de l’armement.

Porsche de celui de Hitler.

Les tourelles des deux modèles furent commandés à Krupp.

 

VK 3601 de Henschel

 

VK 4501 de Porsche à Rastenburg

 

VK 4501 de Porsche avec sa tourelle

 

Le projet VK 3601 de Henschel fut éliminé, du fait du manque d’acier au tungstène pour les nouveaux canons. Et la firme se mit à l’étude d’un char du même poids que le VK 4501 de Porsche. Ainsi naquit le VK 4501 (H )

 

VK        4501           (H )

VK : abréviation de Versuchskonstruction, les deux premiers chiffres désignent le poids : 45, les deux derniers le numéro du projet : 01, la lettre désigne son constructeur : H pour Henschel et P pour Porsche.

 

La caisse dut être modifiée pour supporter l’énorme tourelle de Krupp et les chenilles élargies.

Le prototype VK 4501 fut doter de deux jeux de chenilles : un pour le combat et un pour le transport.

Ces prototypes furent achevés, le 20 avril 1942, et présentés à Hitler à Rastenburg.

Le projet de Henschel, le VK 4501 ( H ) parut le meilleur. Et fut aussitôt adopté comme char de combat. En fait, Henschel s’était déjà préparé en vue d’une production de près de 1400 chars.

Le nouveau char hérita du nom qui était officieusement devenu le sien chez Porsche : le TIGER.

La fabrication de série commença en août 1942, à 12 exemplaires par mois, elle fut poussée à 25 au mois de novembre.

Suite à l’insistance de Hitler, une première unité équipée de char tigre, était engagée en septembre sur le front de l’Est.

Mais à cause des conditions météorologiques, et d’une mauvaise organisation cela se révéla une opération désastreuse.

Progressant en colonne, ils furent pris à partie par des chars, et canons antichars russes camouflés et les chars Tigre tirés comme à l’exercice !

Le 27 février 1944, il changea officiellement de dénomination pour devenir le Panzerkampfwagen «  TIGER » type E.

La production du Panzerkampfwagen VI « TIGER » augmenta  régulièrement, pour atteindre un maximum de 104 exemplaires en avril 1944. La commande portait sur 1376 exemplaires, la production cessa en août 1944, il en avait été fabriqué environ suivant les sources, 1350  à 1355 exemplaires. Les numéros des plaques des châssis allaient en effet de 250001 à 251350.

 

Panzerkampfwagen « TIGER » Type E.

 

Avec l’apparition d’une version améliorée dite  «  Tigre Royal  - Königstiger – Tigre II »

 Ce char (VK 4501 H ) reçut la dénomination de : Tigre I Ausf. E  canon de 88 mm 36 L 56   Sd. K fz. 181.

Le Tigre fut le premier char allemand à train de roulement constitué de galets décalés entre eux et se recouvrant en partie.

Les galets, du type disque plein en forme d’assiette, sont entourés d’un bandage caoutchouté comme sur tous les autres chars.

Ces galets posèrent des problèmes en hiver, la boue transformée en glace et qui s’accumulait bloquait carrément les trains de roulement. Les Russes ont découvert ce problème et en ont profité pour prévoir leurs attaques dès l’aube, sachant que les chars Tigre allaient probablement être immobilisés à cause du gel de la nuit. Donc, il fut impératif pour les Allemands de remédier au plus vite a ce défaut.

Les chars à partir du châssis n° 250822.

 Leurs galets furent remplacés, par des galets plats sans bandages de caoutchouc extérieur, celui-ci est compressé sous le métal entre la jante et le moyeu, il continue d’assurer une certaine élasticité au galet.

Le caoutchouc ne s’use plus et on évite le problème en cas de gel, mais l’usure de la chenille fut augmenté de 10%, ainsi que le bruit effrayant ! Lors du déplacement de l’engin.

Les galets étaient disposés sur trois rangées et reposaient sur huit barres de torsion disposées à la base du châssis de façon que celles de droite fussent en retrait par rapport à celles de gauche.

 

démontage d’une grande partie des galets de roulement pour une barre de torsion cassée,

 c’était un travail fastidieux

 

Les chenilles, entièrement métalliques et symétriques, étaient de deux types : un jeu de 725 mm de largeur pour le combat. Et un autre de 520 mm pour le transport par voie ferrée, et pour les trajets routiers, le pas était le même, 13 mm pour les deux.

Le transport d’un engin aussi lourd (56 tonnes ) sur le réseau ferroviaire posa de gros problème du fait de ses dimensions.

Pour respecter le gabarit, il fallait démonter les chenilles, ôter les galets de roulement extérieurs, puis remonter les chenilles.

Il fallait au moins de 25 minutes, avec du personnel entraîné pour effectuer ces opérations de montage et de démontage.

La Reichbahn  ( équivalant de la SNCF ) dut se procurer au moins  dans un premier temps, 270 wagons plates-formes spéciaux pour charges lourdes (82 tonnes maximum ). Plus tard, le parc s’enrichit de 470 plates-formes Ssys ( 52 tonnes maximums ) Les premières étaient réservées au transport des Tigres E et B, des Ferdinand, des Sturmtiger et des Jagdtiger, tandis que les secondes servaient au transport des Panther.

transport de chars Tigre par voie ferrée

 

Le moteur du char Pz.Kpfw. VI  Tigre monté à l’arrière, fut d’abord un Maybach à essence HL 210 P 45 à 12 cylindres en V d’une puissance de 600 chevaux, du PANTHER type D.

Ce moteur fut remplacé par le HL 230 P 45  plus puissant.

Une autre particularité du char Tigre est sa direction très compliquée et très douce à la fois, actionnée par un volant.

Elle s’inspirait du système anglais Merritt-Brown. La boîte de vitesses, dérivée des premiers modèles Maybach, offrait huit rapports en marche avant et, grâce au présélecteur, la conduite était relativement souple et facile pour un engin de cette masse énorme.

Le mécanisme de direction se trouvait placé, selon l’habitude allemande, à l’avant du châssis et un planétaire agissait sur chaque réducteur de barbotin et sur les barbotins eux-mêmes. La prise de force pour la commande hydraulique de rotation de la tourelle se trouvait à la partie arrière de la boîte de vitesses.

Comme la masse du char lui interdisait la traversée des ponts du génie de classe normale, on incorpora au moteur un dispositif qui, à l’aide de tubulures extensibles, permettait la marche en immersion complète jusqu’à 3 ou 4 mètres de profondeur.

 

char Tigre de début de production, équipé de préfiltreurs d’air

 

Par la suite pour diminuer les coûts et simplifier la fabrication, quelques équipements furent supprimés, il n’est plus équipé de préfiltreurs d’air, ni de lance-fumigènes et de lance-mines extérieure, et il n’est plus amphibie.

Le châssis était assemblé par soudure et par des joints à encastrement. Assez curieusement il présentait presque partout des surfaces verticales. L’élargissement de la superstructure au-dessus des chenilles, se révéla particulièrement pratique et intéressant. Ce qui permit un arrimage commode de l’encombrante dotation en munitions et l’adoption d’une circulaire de tourelle assez grande pour le montage d’un gros canon, celui de 88 mm.

L’intérieur du châssis comprenait quatre compartiments :

Deux à l’avant pour abriter le pilote et le mitrailleur/radio, un compartiment central en liaison avec la tourelle, et un compartiment arrière pour le groupe motopropulseur. Placé à gauche, le pilote conduisait le char avec un simple volant, les changements de direction n’étant commandés que de façon exceptionnelle par blocage d’une chenille avec les palonniers classiques.

Sa tourelle en forme de fer à cheval, dont les côtés étaient d’un seul bloc, abritait le tireur, le chargeur et le chef de char.

Elle avait deux fentes de visée, une trappe de chargement et d’accès, une tape pour le tir au pistolet-mitrailleur, et un tourelleau à cinq épiscopes pour le chef de char, sur le côté duquel était ménagée une autre trappe.

 

Détail des épiscopes du tourelleau du chef de char d’un Tigre Ausf. H

 

sur la photos ont devine la forme de la tourelle, ont aperçoit le tourelleau,

ainsi que le canon de 88 mm et la mitrailleuse de 7,92 couplés

 

L’armement de tourelle comprenait la pièce de 88 mm couplée à une mitrailleuse de 7,92 mm. Le recul était absorbé par un puissant amortisseur.

Le pointage en site et azimut était commandé soit manuellement par de petits volants placés à droite et à gauche du tireur, soit hydrauliquement, par des pédales.

Le pointage était facilité par un télémètre stéréoscopique. Il y avait en outre un télémètre portatif.

Comme armement secondaire, le Tigre possédait une mitrailleuse sous casemate sphérique avec affût à l’avant droit, visible sur la photos ci-dessus.

Cinq lance-mines se type S et deux dispositifs fumigènes.

Pour la navigation, il était doté d’un équipement très sophistiqué tel qu’un compas gyroscopique.

Plusieurs modifications furent apportées, au-delà du n° 251, un moteur plus puissant le HL 230 P 45, tandis que disparaissaient les filtres tropicalisés, le char n’est plus amphibie, comme il est expliqué plus haut dans le texte, on adopta les galets de roulement entièrement métalliques et le tourelleau en service sur le PANTHER ( voir texte char PANTHER) et le Tigre Royal ( voir texte Tigre II ).

 

Les chars Tigre I ( Panzerkampfwagen VI ) ainsi modifiés n’avaient plus la rangée extérieure de galets de roulement. En outre, les quatre galets extérieurs de chaque train de roulement qui furent définitivement supprimés. Entaient ceux-là qu’il fallait jusque là ôter pour le transport par voie ferrée

L’adoption du tourelleau du char PANTHER permit l’installation sur le char Tigre de la mitrailleuse antiaérienne.

Il est intéressant de noter que, malgré des épaisseurs de blindage très considérables, de 100 mm à l’avant du châssis, 120 mm à la tourelle et plus de 80 mm sur les flancs, le Tigre fut loin d’être invulnérable, même s’il pouvait encaisser sans effets mortels pour son équipage des coups au but qui eussent provoqué la désintégration totale de tout autre char. Malgré tout, son blindage pouvait être percé par le 6 pounder britannique, à très courte distance, occasion exceptionnelle sur-le-champ de bataille.

Le canon de 88 mm du char Tigre était une arme redoutable qui perforait les blindages de tous les chars alliés. Sa Panzergranate ( obus de rupture, avait une vitesse initiale de 810 m/s )

 

En versions spéciales :

Un char de commandement à équipement radio renforcé : Panzerbefhlswagen  Pz.BefWg Tiger Ausf E Sd.Kfz 267-258.

 

Un véhicule de dépannage : Bergepanzer Tiger Ausf E. Dont il reste un exemplaire en Italie

 

Bergepanzer Tiger Ausf E.

 

Un char casemate armé d’un mortier lance-fusées de 380 mm : appelé, Sturmmöser 38 cm armé d’un Raketenwerfer 61, Sturmmöser ou Sturmtiger ou Sturmpanzer VI, réalisé à une dizaine d’exemplaires, il fut spécialement étudié pour le combat en agglomération.

Sturmmöser 38 cm armé d’un Raketenwerfer 61

 

Caractérisé par l’épaisseur de son blindage de 150 mm pour la plaque frontale inclinée à 45° qui portait sa masse à 70 tonnes.

Nous aurons l’occasion de voir en détail ce monstre.

On ne peut conclure cette brève description du char Tigre de Henschel sans dire un mot de son concurrent malheureux, le Tigre P de Porsche, le descendant du type 100, qui avait été écarté à cause de la complexité de sa mécanique : jumelage de moteurs, propulsion mixte essence/électricité, suspension à chariots doubles, etc.

95 exemplaires, avait tout de même été commandé a titre d’encouragement. Mais sans tourelle, ( car celles-ci furent affectées au Tigre E ). Les châssis furent transférés aux usines Steyr-Daimler de Niebelungen et convertis en chasseur de chars sous la dénomination première de Ferdinand en l’honneur de Ferdinand Porsche, père du projet, puis sous le surnom d’Éléphant en raison de leur ressemblance avec ce pachyderme. Nous reviendrons dessus (sommaire  armes et véhicules antichars )

le char le plus puissant du monde à cette époque, érigé en symbole par la Panzerwaffe et la propagande, ne pouvait plus rien pour modifier le cours de la guerre.

 

Panzerkampfwagen VI « TIGER » Ausf E Sd.Kfz 181

 

Année : 1937 / 1944

Usine :   Henschel, Porsche

Vitesse : 45 km/h

Moteur :  Maybach HL 230 P 45 12 cyl. en V de 700 cv

Poids : 54 à 56 tonnes

Équipage : 5 hommes

Armement : un canon KwK 36 L / 56 de 88 mm + deux mitrailleuses MG 34 + lance-grenades de défense rapprochée

Blindage : de 25 mm à 120 mm maxi

Dimensions : 6,30 m x 3,73 m x 3 m et largeur des chenilles de combat 72,5 cm et 52 cm pour le transport

 

Panzerkampfwagen VI « TIGER » Ausf H Sd.Kfz 181

 

Année : 1942 / 1944

Usine :   Henschel, Porsche

Vitesse : 45 km/h

Moteur :  Maybach HL 210 P 45 12 cyl. en V à essence

Poids : 54 tonnes

Équipage : 5 hommes

Armement : un canon KwK 36 L / 56 de 88 mm + deux mitrailleuses MG 34 + lance-grenades de défense rapprochée

Blindage : de 25 mm à 110 mm maxi

Dimensions : 8,24 m x 3,73 m x 3 m et largeur des chenilles de combat 72,5 cm et 52 cm pour le transport

Les dimensions données, son a titre d’indication suivant la prise des mesures.

 

 

 

 

Quelque char Tigres I

  

Char Tigre avec le premier modèle de tourelleau et son écoutille

 

Char Tigre avec son nouveau tourelleau et son écoutille tournante

 

Char Tigre I

 

 

Char Tigre I Ausf E

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

Ó Daniw, Novembre 2000